6 2O         ' MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
assemblée, où se trouva M. de Brissac, avec messieurs les eschevins et le prevost,des marchans, fist grande plainte, tant des sanglantes et séditieuses prédications de Guarinus, que de l'insolence des Seize, et de leurs armes et remuemens : s'estans vantés tout haut d'ex­terminer tous ceux qui avoient donné l'arrest. Que la maison du curé de Saint-Cosme et les Cordeliers estoient plains d'armes; qu'il falloit ou qu'ils quittassent la place à ces gens , ou qu'ils fussent reprimés, et qu'on y donnast promtement ordre.
Anroux, conseiller en la grand chambre, fist sa plainte de ce que deux ou trois jours auparavant deux Hespagnols estoient entrés en sa maison en plain midi pour le voler, lui demandans de l'argent, avec me­nasses et propos outrageus.
: Sur quoi la cour ordonna que le légat seroit inter­pellé de faire prescher autrement Guarinus, ou lui donner congé ; et au surplus qu'il seroit fait défenses aux Seize, sur peine de la vie, de s'assembler; que les maisons où ils s'àssembleroient seroient rasées, et que l'edit de l'abolition du 16 novembre 169 t , fait par le duc de Maienne, seroit renouvelé.
Le lendemain, qui estoit le samedi 12, l'arrest en fust donné, où il y eust débat entre le gouverneur et ceux de la cour : le gouverneur voulant que les dé­fenses de s'assembler se fissent en son nom, et leur monstrant le mandement qu'il en avoit eu de M. de Maienne, duquel il pretendoit s'aider. Auquel la cour respondit qu'il les devoit donc faire publier de son auc­torité , et ne donner pas la peine à la cour de s'assem­bler pour y donner ordre; et que puisqu'elle en estoit saisie, il faloit que l'arrest et les défenses fussent en
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